Place de la Concorde : histoire, symboles et secrets

Au cœur de Paris, à la croisée de chemins prestigieux, s’étend un espace monumental qui capture l’essence de l’histoire de France. La place de la Concorde, située au pied de l’avenue des Champs-Élysées et en lisière du jardin des Tuileries, est bien plus qu’un simple carrefour. Reconnaissable entre toutes grâce à son obélisque millénaire, ses fontaines majestueuses et les façades classiques de ses hôtels, elle offre un spectacle permanent. Créée au crépuscule de la monarchie, elle fut le théâtre sanglant de la Révolution française avant d’être réaménagée au XIXe siècle par l’architecte Jacques-Ignace Hittorf, qui lui conféra son visage actuel, un visage de paix et d’harmonie, mais qui ne saurait effacer les strates d’un passé complexe et souvent tragique.

Découverte de la place de la Concorde

Une perspective unique sur Paris

Se tenir au centre de la place de la Concorde, c’est embrasser du regard certains des plus beaux panoramas de la capitale. L’axe historique parisien se déploie ici dans toute sa splendeur. Vers l’ouest, l’avenue des Champs-Élysées file tout droit vers l’imposant Arc de Triomphe. À l’est, la perspective s’ouvre sur le jardin des Tuileries, avec le musée du Louvre en toile de fond. Au sud, le pont de la Concorde enjambe la Seine, menant le regard jusqu’au palais Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale. Enfin, au nord, la rue Royale encadrée par deux édifices jumeaux offre une vue parfaite sur l’église de la Madeleine. C’est un véritable théâtre urbain où chaque échappée visuelle raconte une partie de l’histoire de la ville.

L’ambiance d’un carrefour historique

Malgré sa vocation de rond-point majeur pour la circulation parisienne, la place conserve une atmosphère singulière. Le flot continu des véhicules crée un mouvement perpétuel qui contraste avec l’immobilité des monuments. Les vastes trottoirs permettent aux piétons et aux visiteurs de déambuler, d’admirer les détails des fontaines ou de s’émerveiller devant la finesse des hiéroglyphes de l’obélisque. C’est un lieu de passage, mais aussi un lieu de contemplation où le présent trépidant de la métropole dialogue avec la solennité de l’histoire.

Cette première immersion visuelle et sensorielle invite à remonter le temps pour comprendre comment cet espace a été façonné par les soubresauts de l’histoire nationale.

L’histoire fascinante de la place

De la place royale à la place de la Révolution

L’histoire de la place de la Concorde commence au milieu du XVIIIe siècle. Conçue initialement pour glorifier la monarchie, elle est inaugurée sous le nom de « Place Louis XV » et accueille en son centre une statue équestre du souverain. Son dessin octogonal est alors déjà défini. Cependant, la Révolution française va radicalement transformer sa fonction et sa symbolique. La statue royale est abattue, et l’espace est rebaptisé « Place de la Révolution ». Il devient alors le principal lieu des exécutions publiques, un symbole terrifiant du changement de régime.

Les changements de nom au fil des époques

Les noms successifs de la place témoignent de l’instabilité politique qui a secoué la France pendant près d’un siècle. Chaque régime a tenté d’imposer sa marque sur ce lieu hautement symbolique.

  • Place Louis XV : de sa création jusqu’à la Révolution, en l’honneur du monarque.
  • Place de la Révolution : durant la période révolutionnaire, marquant la rupture avec l’Ancien Régime.
  • Place de la Concorde : un premier nom donné par le Directoire pour symboliser la réconciliation des Français.
  • Place Louis XVI : durant la Restauration, en mémoire du roi guillotiné en ce lieu.
  • Place de la Concorde : le nom est définitivement rétabli en 1830, exprimant le souhait d’une paix civile durable.

C’est précisément pour ancrer ce désir de concorde et tourner la page des divisions qu’un vaste projet de réaménagement fut confié à un architecte visionnaire au XIXe siècle.

L’architecture remarquable de Jacques-Ignace Hittorf

La vision d’un urbaniste

Entre 1836 et 1846, l’architecte Jacques-Ignace Hittorf se voit confier la mission de donner à la place son visage définitif. Son objectif est clair : transformer ce lieu de sinistre mémoire en un espace de célébration et de prestige, neutre politiquement. Il conserve la forme octogonale mais repense entièrement l’aménagement pour créer une composition harmonieuse et spectaculaire. Son intervention est fondamentale pour l’identité visuelle actuelle de la place.

Les fontaines, chefs-d’œuvre d’ingénierie et d’art

L’ajout le plus marquant de l’architecte est sans conteste celui des deux fontaines monumentales, qui encadrent l’obélisque. Inspirées de celles de la place Saint-Pierre à Rome, elles sont de véritables chefs-d’œuvre de fonte et de bronze.

  • Au sud, la Fontaine des Mers célèbre la puissance maritime de la France.
  • Au nord, la Fontaine des Fleuves rend hommage à la navigation fluviale et à la richesse agricole du pays.

Chacune est ornée de multiples figures allégoriques, créant un ensemble d’une richesse décorative exceptionnelle.

L’aménagement global de l’espace

Le projet de Jacques-Ignace Hittorf ne s’arrête pas aux fontaines. Il dessine également les splendides candélabres et les colonnes rostrales qui illuminent la place. Il fait aussi installer, à chaque angle de l’octogone, des guérites surmontées de statues allégoriques représentant huit grandes villes françaises, complétant ainsi la symétrie et la majesté de l’ensemble.

Cet aménagement magistral sert d’écrin aux monuments qui font aujourd’hui la renommée de la place bien au-delà des frontières.

Les monuments emblématiques à ne pas manquer

L’Obélisque de Louxor, un témoin de l’Égypte ancienne

Trônant au centre de la place, l’Obélisque de Louxor est le plus ancien monument de Paris. Ce monolithe de granit rose, vieux de plus de 3 300 ans, provient du temple de Louxor en Égypte. Offert à la France au XIXe siècle, son transport et son érection en 1836 furent une véritable prouesse technique. Ses quatre faces sont couvertes de hiéroglyphes célébrant les hauts faits d’un pharaon. L’Obélisque de Louxor en chiffres

CaractéristiqueDonnée
Hauteur23 mètres
PoidsEnviron 230 tonnes
OrigineTemple d’Amon, Louxor (Égypte)
Date d’érection à Paris25 octobre 1836

Les hôtels jumeaux de la rue Royale

Au nord de la place, deux bâtiments aux façades classiques parfaitement symétriques encadrent la rue Royale. Conçus au XVIIIe siècle, ils abritent aujourd’hui des institutions prestigieuses. À l’ouest se trouve le célèbre Hôtel de Crillon, un palace de renommée mondiale. À l’est, l’Hôtel de la Marine, ancien garde-meuble de la Couronne, est désormais un musée ouvert au public qui dévoile des appartements somptueux du siècle des Lumières.

Si ces monuments célèbrent la grandeur et l’art de vivre, le sol même sur lequel ils veillent est imprégné du souvenir d’une période bien plus sombre de l’histoire de France.

Un lieu de mémoire révolutionnaire

Le théâtre des exécutions publiques

Pendant la Révolution, et plus particulièrement durant la période de la Terreur, la place de la Concorde fut le principal lieu des exécutions par guillotine à Paris. L’instrument de mort y fut installé pendant plusieurs mois, transformant cet espace public en un théâtre macabre. Le sang versé ici a durablement marqué l’imaginaire collectif et confère à la place une dimension tragique, souvent méconnue des visiteurs pressés.

Des figures historiques face à la guillotine

C’est sur cette place que de nombreuses figures majeures de l’histoire de France ont été exécutées. Un roi, une reine, ainsi que des leaders révolutionnaires qui, après avoir envoyé leurs propres adversaires à l’échafaud, y montèrent à leur tour. Plus d’un millier de personnes y perdirent la vie, faisant de ce lieu le symbole le plus sanglant de la Révolution. La guillotine sur la place de la Révolution

Période d’activitéNombre total d’exécutions (estimation)
Mai 1793 – Juin 17941 119 personnes

Ce passé violent contraste de manière saisissante avec la fonction actuelle de la place, un point de convergence névralgique et facilement accessible au cœur de la capitale moderne.

Accès et transport vers la place de la Concorde

Se rendre en métro

Le moyen le plus simple et le plus rapide pour rejoindre la place de la Concorde est d’utiliser le métro parisien. La station « Concorde » est un important nœud de correspondance, directement situé sous la place. Elle est desservie par trois lignes majeures :

  • Ligne 1 : qui traverse Paris d’est en ouest, reliant des sites comme le Louvre, les Champs-Élysées et La Défense.
  • Ligne 8 : qui connecte le sud-ouest au sud-est de la capitale.
  • Ligne 12 : qui parcourt la ville du nord au sud.

Les options de bus

La place est également un carrefour central pour le réseau de bus de la RATP. De nombreuses lignes s’y arrêtent, offrant des connexions vers presque tous les quartiers de Paris. Emprunter le bus peut être une excellente option pour profiter des vues sur la ville tout en se déplaçant. Les arrêts sont clairement indiqués sur les pourtours de la place.

Conseils pour les visiteurs

Pour apprécier pleinement la majesté du lieu, il est conseillé de s’y rendre tôt le matin, lorsque la circulation est moins dense et la lumière plus douce. Une promenade à pied depuis le jardin des Tuileries ou en descendant les Champs-Élysées permet une approche progressive et spectaculaire. La place est entièrement accessible aux piétons, mais la traversée de ses axes routiers demande une grande vigilance.

La place de la Concorde est ainsi bien plus qu’une simple étendue pavée. C’est un livre d’histoire à ciel ouvert, un chef-d’œuvre d’urbanisme qui a su transformer les cicatrices du passé en un espace de beauté et de passage. Entre ses monuments grandioses et son passé révolutionnaire, elle incarne les contrastes et la complexité de Paris, se révélant comme une étape incontournable pour quiconque souhaite saisir l’âme de la ville.

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