Il y a des lieux qui ne se racontent pas tout à fait avec des mots. Des endroits qui ressemblent plus à des bulles d’air dans le tumulte d’une ville. C’est exactement ce qu’on ressent en poussant la porte de la librairie La Comète. Un peu comme si l’on entrait dans une parenthèse, entre deux pages, entre deux images. Nichée à deux pas du canal Saint-Martin, dans ce Paris vibrant qui mêle les pavés, les péniches et les cafés où l’on refait le monde, La Comète vous attrape par le regard… et ne vous lâche plus.
Un lieu à taille humaine, mais à grande échelle intérieure
Dès la vitrine, on sent que ce n’est pas une librairie comme les autres. Pas de grandes affiches criardes, pas de best-sellers alignés comme des boîtes de conserve. Ici, ce sont des visages, des paysages, des silences capturés en noir et blanc. Des couvertures qui intriguent. Des titres qui chuchotent des histoires de lumière, d’instants volés, de regards croisés.
La Comète, c’est le rendez-vous des amoureux d’images. Pas seulement ceux qui collectionnent les livres photos comme on collectionne les vinyles, non. Aussi ceux qui regardent autrement. Ceux qui aiment se perdre dans une photo comme dans un rêve éveillé.
Au fil des rayons : de la photographie, mais pas que…
Avant même d’ouvrir un livre, on regarde autour. L’espace est petit, oui, mais tout est pensé. Rien n’est laissé au hasard. Les rayons s’enchaînent sans cloison. Pas de frontières ici : un portrait de Diane Arbus peut très bien côtoyer un album jeunesse illustré ou un manuel de tirage argentique.
Les thèmes sont là, bien présents, mais l’ensemble reste organique. Comme une promenade dans un carnet d’inspirations. On y trouve :
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des monographies de photographes célèbres (Walker Evans, Sarah Moon, Saul Leiter…)
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des ouvrages plus techniques pour les passionnés de chambre noire
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des recueils engagés autour de l’image sociale ou documentaire
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des livres rares, parfois auto-édités, introuvables ailleurs
Et puis, on s’assoit. Oui, il y a un petit coin lecture. Moelleux. Discret. Un appel à s’arrêter, à feuilleter, à respirer un peu.
Une librairie photo… qui fait la part belle aux enfants !
Ce qui surprend — et ce qui fait fondre surtout — c’est ce coin jeunesse. Il occupe presque un tiers de l’espace. Oui, un tiers. Dans une librairie dédiée à la photographie. Et c’est là que le charme opère.
Des livres sensibles, tactiles, poétiques. Des objets graphiques, parfois presque sculpturaux. On y croise Enzo Mari, Katsumi Komagata, les belles trouvailles de chez MeMo ou Hélium. Le genre d’albums qu’on garde précieusement et qu’on relit à 30 ans avec la même émotion.
Un petit lecteur s’installe sur le tapis. Il touche, il observe, il rit tout bas. Pendant que ses parents parlent lumière et profondeur de champ avec un libraire passionné, lui découvre la magie d’une double page pleine d’étoiles.
Une programmation qui fait vibrer les murs
La Comète n’est pas seulement un lieu où l’on vend des livres. C’est un espace vivant, en mouvement. Régulièrement, des expositions transforment les murs blancs en galeries habitées. Et ici, pas de course à la starification : on y découvre des jeunes photographes, des voix nouvelles, mais aussi des auteurs confirmés qui osent des partis pris.
Chaque expo est pensée comme un voyage. Il y a parfois du silence, parfois des frissons. Souvent de la réflexion.
Et ce n’est pas tout :
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des rencontres avec des auteurs et photographes
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des signatures intimistes
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des discussions ouvertes sur les enjeux contemporains de l’image
Ici, on ne regarde pas seulement les photos. On en parle. On les décortique. On les questionne.
Des ateliers pour enfants : quand l’art devient jeu
Un samedi sur deux, parfois plus, La Comète se transforme. Des petites mains investissent les tables. Des rires résonnent doucement. Ce sont les ateliers d’art visuel pour enfants.
Ces ateliers ne sont pas des activités « pour les occuper ». Ce sont des moments de création, de liberté, où les enfants explorent leur propre manière de voir. Parfois, les thèmes sont liés à l’exposition en cours. D’autres fois, ils surgissent d’un livre, d’une émotion, d’une couleur.
Encadrés par des intervenants passionnés, ces ateliers ont un goût de bonbon à la violette : inattendu, délicat, et qui reste longtemps en bouche.
Quelques exemples ?
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Collages inspirés par le surréalisme
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Petites installations photographiques
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Création de flip-books
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Jeux de lumières et d’ombres
Et les enfants repartent avec leurs créations, souvent fiers comme des coqs. Et un regard un peu plus aiguisé.
Une pause au bord du canal : le quartier comme prolongement
Sortir de La Comète, c’est revenir à la ville. Mais pas à n’importe quelle ville. Ici, le canal Saint-Martin déroule ses eaux calmes, entre deux éclats de vélo et une terrasse qui fume le café brûlant.
Un petit détour par le square des Récollets ? Parfait pour une pause lecture en plein air. Envie de prolonger la rêverie ? Il y a Poule Mouillette juste à côté : salon de thé décalé, petits objets mignons, ateliers culinaires. Tout un univers.
Et si on levait les yeux ? Des ateliers d’artistes, des murs végétalisés, des galeries confidentielles… Ce coin de Paris est un poème visuel. Chaque ruelle a son secret.
Infos pratiques : y aller, s’y perdre, y revenir
Pas besoin de boussole pour retrouver La Comète. Juste une envie de s’y poser.
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adresse : 29, rue des Récollets, Paris 10e
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métro : Gare de l’Est
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horaires :
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mardi : 12 h à 19 h
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mercredi à samedi : 10 h à 19 h
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dimanche : 11 h à 19 h
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téléphone : 01 40 36 78 96
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site officiel : https://lacomete.picto.fr